Assurance santé, une rentrée sous tension
L'assurance santé connait une période tumultueuse en cette fin d'année 2014. Dans un contexte particulièrement tendu, la réforme de la loi sur la mutuelle santé
prend une tournure inattendue qui risque de provoquer quelques remous durant les prochaines années : entre autres, l'encouragement envers les salariés à changer d'assurance santé individuelle pour
une mutuelle santé collective. Des enjeux sensibles amenés par l'application de la loi ANI.
Pour rappel, c'est en octobre 2012 que le gouvernement s'est attaqué au dossier de l'accès aux soins avec la loi ANI, une demande formulée par les organismes de complémentaire santé (en particulier
de la mutuelle santé). Un souci de simplification et qui offre bien plus de garanties aux employés pour la prise en charge des coûts de la santé, en leur faisant changer
d'assurance. Or, les derniers événements politiques annoncent une tournure des événements plus tendue. La réforme des contrats responsables brandit un suspense important, à l'heure où des
milliers d'assurés se voient proposer de changer d'assurance pour rejoindre une mutuelle santé collective. Une situation qui annonce une crise du secteur des
complémentaires santé individuelles. La Ministre de la Santé, Marisol Touraine, a fait état en juin 2014 d'un dossier de presse présentant un visuel des textes prévus autour de la réforme du
système de mutuelle santé (la loi ANI). Dans le cadre de la refonte des contrats responsables, le dispositif présenté annonce une taxe sur la convention d'assurance à 7 % (contre le double pour un
contrat non responsable). Or, le gouvernement a émis le souhait d'intégrer via la loi ANI dans tout nouveau contrat responsable la prise en charge du ticket modérateur pour toutes les catégories de
soins. Sont exclus toutefois les médicaments homéopathiques, médicaments remboursés à 15 % ou 30 % et les cures thermales. Autre point important, le forfait journalier hospitalier devra être
couvert dans son intégralité et sans aucune limite de durée. Ces déterminations devraient représenter des conséquences notoires pour les assureurs, en particulier pour la prise en charge du ticket
modérateur ainsi que le forfait journalier.
Les pertes nettes se profilent concrètement pour les assureurs, qui envisagent donc de se tourner vers des marchés plus concurrentiels, comme les séniors, ou les travailleurs non salariés. Selon
certaines grandes compagnies d'assurance, le marché de la santé individuelle s'approche d'un séisme dans les années à venir, en cause l'encouragement des les salariés à changer d'assurance. Aucun
doute sur cette prédiction, même si on ne parle pas encore de tsunami mais vers une modification profonde des stratégies des acteurs de l'assurance santé. En terme de chiffres, la
loi ANI pourrait influencer sur 400M€ de chiffre d'affaires (la santé individuelle pesant le double). La perte est évaluée à 150M€ chez l'assureur Allianz, qui perçoit 600M€ dans le secteur de la
santé individuelle. Axa France, pour sa part, évalue à une perte de 20 % à 30 % du chiffre d'affaires, si le système encourageant à changer d'assurance prend de l'ampleur. Faut-il
quitter le secteur ? Aucun assureur ne s'y risquerait, tant le volume des primes reste important. Mais une adaptation de stratégie s'impose, en se tournant vers les TNS ou les seniors.
Que dire en effet des nouvelles mesures prévues dans le secteur de l'optique ? Les acteurs de l'assurance santé restent dans l'opacité, surtout en raison de la mauvaise publicité récente liée à ce
secteur. Selon UFC - Que Choisir, il est fait constat que les Français déboursent en moyenne plus de 50 % de plus pour leurs lunettes, que les autres pays de l'Union européenne. Accusés de
pratiques frauduleuses, les opticiens entraînent l'assurance santé et la mutuelle santé dans une hausse indéniable des coûts , avec une augmentation de 14,7 points entre 2006 et 2012.
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